Tout d'abord, je vous prie de
m'excuser si je ne me fais pas bien comprendre : c'est toute la
difficulté de ce à quoi nous avons à faire. Je vais tenter de vous
exposer le plus clairement possible quelque chose de très complexe, à
quoi l'être humain est confronté dès avant sa naissance : son rapport à
la langue.
Je vais donc me risquer à vous parler de la parole ...
Je vais donc me risquer à vous parler de la parole ...
Certains
d'entre vous se sont assurés avant de venir qu'ils ne seraient pas
obligés de parler devant les autres. Bon nombre d'enfants et
d'adolescents disent aussi qu'ils n'aiment pas parler devant tout le
monde. Parler implique d'affronter la relation à l'autre, le regard de
l'autre, son jugement. À parler, on risque de bafouiller, d'être
ridicule, de faire des lapsus. On risque de ne pas dire exactement ce
que l'on veut, que des choses nous échappent, nous dévoilent, nous
trahissent. On voit bien comment cela choque lorsque certains "disent
tout haut ce que d'autres pensent tout bas."
Parler,
c'est risquer de donner une image, de ne pas être apprécié, de
s'opposer à l'autre, ou risquer de recevoir en retour des paroles
déplaisantes : un désaccord, un refus, une fin de non recevoir.
Parler,
c'est se risquer en tant que sujet, s'engager dans la relation, assumer
ce que l'on pense, mais aussi engager son être, son corps : on prend la
pose, on s'agite, on rougit, on fait des gestes, on accroche les mots,
le regard... sans parler de la voix qui à elle seule, dit beaucoup de
choses, et parfois nous trahit, nous fait défaut. La voix, la façon de
parler sont uniques à chacun.
Quand nous parlons, nous disons un peu de ce que nous sommes, sans le savoir.
Qu'en est-il pour le petit enfant qui a affaire à la langue?
Voici le témoignage d'une grand-mère avec Léo, son petit-fils âgé d'un an :
"Je
mets du langage sur ce que je crois entendre : il dit "e beu" je
traduis "tu veux." Il me regarde et touche mon collier. Je lui dis
"doucement" parce qu'en me regardant il tire plus fort, je lui reformule
"doucement" et il fait doucement.
Il
pointe avec le doigt, je regarde la direction, ou l'objet et je nomme.
Si ma réponse n'est pas satisfaisante, il insiste tout en poussant avec
l'autre main, ce qui me fait comprendre que je n'ai pas la réponse
adaptée. Donc, je lui dis que je ne comprends pas ou que je ne vois pas
ce qu'il me montre. En pointant avec le doigt sur un bruit, un avion par
exemple, par la suite il identifie le bruit en pointant vers le ciel
avec une mimique : la bouche en forme de "o" avec un léger souffle."
Voici une scène très parlante, si l'on peut dire, que toute personne qui s'occupe d'un bébé a pu connaître.
Nous
voyons là que l'entrée dans le langage se fait par tout le corps : les
gestes, le regard, les mimiques du visage, de la bouche. L'enfant semble
vouloir attraper quelque chose, il babille mais les sons produits ne
correspondent pas encore à ce qu'il veut dire. Il veut nommer, et pour
ce faire, il a besoin d'en passer par l'Autre.
Voici
un petit exemple, du même bébé, cette fois avec sa mère. Elle raconte :
Il me touche souvent les boutons sur mes vêtements en me disant "on".
Je lui dit que ce sont des boutons. L'autre matin en appuyant sur le
bouton du volet électrique, je lui dis "j'appuie sur le bouton pour
ouvrir les stores".
Et là, il se retourne vers mon chemisier et me touche le bouton.
Nous
allons voir que l'adresse à l'Autre est essentielle pour constituer la
parole. Des bruits, des sons, même des mots, s'ils ne sont pas adressés
ne constituent pas une parole.
Avant
d'en arriver là, il y a les premiers échanges entre l'adulte et le
bébé, dès la naissance et même avant : toutes les paroles dites sur
l'enfant, puis tous les petits échanges au quotidien lorsqu'un adulte
s'adresse à un bébé, en réponse aux sons qu'il émet, aux regards, aux
pleurs.
Nous allons voir tout cela, pas forcément dans l'ordre chronologique, mais en allant du plus simple au plus compliqué.
Entrer dans la langue : comment dire...
Apprendre à parler?
apprendre(1)
: "acquérir la connaissance, la pratique de." Vient du latin saisir.
Mais apprendre veut dire aussi enseigner. On ne peut pas dire qu'on
apprend à parler à un enfant. Et si on "attrapait" la langue?
Attraper
: "saisir, prendre, contracter une maladie." La langue s’attrape comme
un virus, et saisir veut dire aussi comprendre. Attraper signifie aussi
"tromper par une ruse, abuser." L'équivoque de la langue nous trompe :
des mots ont plusieurs sens, plusieurs orthographes.
"entrer
dans le langage" : entrer : "passer du dehors au dedans, être admis
dans, s'engager dans, commencer à prendre part à quelque chose.
Toutes
ces expressions correspondent plus ou moins à ce que nous voulons dire,
mais aucune ne dit totalement ni exactement de quoi il s'agit. Parler
est une expérience de la vie particulière à chaque sujet.
Je
dirais volontiers qu'on entre dans la langue comme on entre dans la
danse : il s'agit de se caler sur un rythme, des sonorités, une mélodie,
et de faire comme les autres, c'est à dire de se socialiser, accepter
un code commun, des règles communes.
Le
langage s’attrape par le corps. Tout d'abord par l'oreille, mais pas
seulement. Comme nous venons de le voir, la parole a un rapport étroit
avec le corps.
Freud(2) a démontré que le mot est une représentation complexe, composée d'éléments sensoriels et moteurs.
Des
études ont montré que les bébés sont capables de produire une multitude
de sons qu'ils vont délaisser en ne sélectionnant que ceux qu'ils
entendent dans la langue maternelle. Par exemple, il est impossible aux
européens de prononcer certains sons des langues arabes ou asiatiques.
Aux anglais il est impossible de prononcer le u et aux français de
prononcer certains sons anglais. Essayons de reproduire le gazouillis
d'un bébé, nous en sommes incapables. L'enfant va moduler ses sonorités à
partir de ce qu'il entend.
En
premier lieu, lorsqu'un enfant ne parle pas ou pas bien, la première
chose à vérifier, quelque soit son âge, c'est l'audition. Un enfant qui
entend mal ne peut pas bien prononcer. Les otites séreuses peuvent
passer inaperçues, et laisser du liquide dans l'oreille, ce qui perturbe
l'audition. Un enfant peut donner l'impression qu'il entend, car il
s'adapte, sans se rendre compte qu'il n'entend pas ou mal : certains
enfants arrivent à lire sur les lèvres, à comprendre approximativement
et peuvent faire illusion. Tout au plus, ils peuvent donner l'impression
d'avoir une difficulté de compréhension.
Un
bébé qui n'entend pas risque de graves difficultés relationnelles si on
ne dépiste pas sa surdité. Tout comportement "bizarre" doit nous
alerter sur cette question : "entend-il bien?" Cela peut être une
hypertonie, des raidissements, des sursauts inappropriés lorsqu'on entre
dans son champ de vision, le fait qu'aucun bruit ne le réveille dans
son sommeil, ou, plus tard, lorsqu’il marche, le fait qu'il reste dans
les coins ou dos au mur : il maîtrise son environnement par le regard.
La parole est première
Entrer dans le langage, cela signifie que le langage est déjà là.
Je
vais tenter de soutenir ceci, avec Lacan, que la parole est déjà là,
avant la naissance du sujet, et que c'est ce qui spécifie l'humain. Le
rire n'est pas le propre de l'homme, le jeu non plus, certains animaux
en sont capables. Le langage non plus, tous les animaux vivant en
société (abeilles, fourmis, par exemple) ont un langage. Ce qui spécifie
l'humain, c'est la parole.
Dans
son cours de linguistique générale, Ferdinand de Saussure, fondateur de
la linguistique, distingue langue, parole et langage. Le langage est un
système de signes arbitraires, il n'existe pas de rapport entre le son,
l'écriture du mot et l'objet qu'il représente. Le mot table n'a aucun
rapport avec l'objet table. Il existe une pluralité de langages,
(humain, animal, informatique, mathématique... on parle même du langage
des fleurs)
La
langue est définie comme un système de signes doublement articulés,
elle n'est qu'un langage parmi d'autres. La parole est l'utilisation de
la langue. C'est le langage articulé symbolique humain, le langage
incarné de l'homme. Son caractère essentiel est d'être un acte
d'exécution individuelle libre (extrait de wikipédia)
Parler
n'est pas communiquer. Les animaux communiquent, les publicitaires, les
politiques, les médias communiquent. Ils véhiculent des messages.
Parler, c'est autre chose, c'est transmettre à l'autre son désir, son
rapport à la langue, quelque chose de son inconscient. C'est très
important cette différence entre parler et communiquer car lorsque le
tout-petit enfant accède ou n'accède pas à la parole, c'est cela qui est
en jeu : j'entends pour certains enfants qui ne parlent pas : "il
communique, il sait se faire comprendre." Cela ne me rassure pas du tout
car cela, les animaux en sont capables. Devenir sujet humain, c'est
consentir à autre chose.
C'est
pour cela aussi que toutes les théories en vogue sur la communication,
ou les thérapies cognitives et comportementales sont insuffisantes.
Elles ne prennent tout simplement pas en compte cette dimension de
l'inconscient et du désir qui est essentielle. Freud l'a mise en valeur
en découvrant les lapsus et les mots d'esprit comme des manifestations
de l'inconscient.
Le sujet est parlé avant d'exister
Jacques-Alain
Miller(3) nous explique comment nous sommes pris dans la langue : "Nous
croyons que nous disons ce que nous voulons, mais c'est ce qu'ont voulu
les autres. Notre famille nous parle. Nous sommes parlés et nous en
faisons une trame. Quand Lacan dit "la famille", il dit "le désir des
parents", mais encore mieux "lalangue dans la famille". Le désir de
l'Autre, des parents et des autres [...] il se transmet, se véhicule,
s'impose, s'imprime par lalangue de la famille." Lacan dit la
"lalangue", en référence à la lallation et à l'allaitement, nous y
reviendrons plus tard.
Une
fillette de 11 ans vient au CMPP parce qu'elle est très angoissée. Elle
est convaincue qu'elle n'a pas de chance et argumente : "C'est ma mère
qui m'a remis ça à ma naissance." Elle dit très bien comment le "pas de
chance" n'est pas héréditaire mais passé dans le discours, pris dans une
identification "Je suis comme ma mère, elle dit qu'elle n'a pas de
chance." Voulant dire ce qui, selon elle, lui est transmis par sa mère,
elle dit "remis." Comme on remet un paquet, ou comme on "remet ça",
c'est à dire qu'on répète, on reproduit quelque chose. Le "pas de
chance" est quelque chose qui se véhicule dans le discours familial et
la fillette a attrapé ça comme un paquet dont elle ne sait que faire,
qui l'accable d'angoisse et qu'elle tente de me remettre en quelque
sorte lorsqu'elle m'en parle. Ce petit écart entre "remis" et "transmis"
est sa façon de dire comment, de porter ce "pas de chance" la fait
trébucher.
(Lacan,
conférence de Genève) : "Il est tout à fait certain que c'est dans la
façon dont la langue a été parlée et aussi entendue pour tel et tel dans
sa particularité, que quelque chose ensuite ressortira en rêves, en
toutes sortes de trébuchements, en toutes sortes de façons de dire."
Il
parle de l'enfant : "... il y a en lui quelque chose, une passoire qui
se traverse, par où l'eau du langage se trouve laisser quelque chose au
passage, quelques détritus avec lesquels il va jouer, avec lesquels il
faudra bien qu'il se débrouille."
Daniel
Pennac utilise une métaphore similaire : il traite ses élèves
d'«enfants de la langue [...] menu fretin charrié par le grand fleuve
jailli de la source orale des Lettres.»(4) il dit : « je les précipitais
tout vifs dans le grand flot de la langue, celui qui remonte les
siècles pour venir battre notre porte et traverser notre maison. »(5)
Nous sommes donc traversés, divisés par la langue.
Johan,
deux ans et demi, a mordu une fillette à la crèche. Il explique à
l'éducatrice "j'ai mordu parce que je voulais le tracteur." L'éducatrice
lui faisant remarquer qu'il sait demander, il rétorque avec force :
"oui mais papi de maman il mord!" appuyant ses paroles d'un geste des
poings serrés vers la bouche avec beaucoup d'intensité. Renseignement
pris, le papi de la maman de Johan ne mord pas, mais il est mort. Johan a
mis en acte un signifiant attrapé dans la langue de l'Autre, ayant
certainement repéré une charge affective particulière dans ce qu'il a
entendu, et cela l'agite dans son corps.
Nous
avions travaillé ce cas au laboratoire du Centre Interdisciplinaire sur
l'ENfant. L'exemple de Johan était venu éclairer une question que se
posaient des enseignantes d'enfants autistes qui ne parlent pas, avec
l'idée que, s'ils parlaient, on pourrait les comprendre. La morsure de
Johan nous avait appris que le rapport au langage n'est pas un rapport
au savoir, au sens, mais un rapport à l'inconscient. On ne se fait pas
entièrement comprendre lorsqu'on parle, et l'enfant baigne en permanence
dans ce malentendu.
Ici,
l'acte de l'enfant est venu dans le réel en place d'une question qu'il
ne pouvait pas formuler, ce qui est souvent le cas. L'intérêt de
l'approche par la psychanalyse lacanienne, c'est que l'on suit le sujet
au plus près de ce qu'il dit, même par les actes, et surtout si l'on ne
comprend pas.
Il
est important de questionner l'enfant, afin que le sujet puisse émerger
par la parole, qu'il passe du réel de l'acte au symbolique de la
langue, afin qu'il puisse formuler la question qui l'agite.
Parler, c'est risquer le malentendu.
Lors
d'un atelier conte avec un groupe d'enfants, je jouais la maman chèvre
qui disait à ses petits : "Il faudra montrer patte blanche, comme ça, on
sera sûr que ce n'est pas le loup." Je n'avais pas dit le texte exact
du conte, j'avais choisi ces mots sans le faire exprès. Une petite fille
répète : "il faudra montrer patte blanche comme ça on se rassurera."
J'étais interloquée. L'interprétation de la fillette m'a ouvert les yeux
sur ce que je disais et sur le besoin qu'elle avait d'être rassurée.
Lucie,
huit ans, en consultation, se plaignait de toujours achopper sur
l'expression "une paire de ciseaux." Je lui demandai comment elle
l'écrivait : "une père..." nul doute que cela lui était difficile de
l'énoncer ainsi. "Un père" peut s'entendre comme "un papa", ou "un pair,
un semblable." On peut aussi entendre en un seul mot. Parmi ceux qui
l'entendent en un mot, qui pense à "commettre un impair", à "un nombre
impair", ou à un imperméable?
On
peut multiplier les exemples à l'infini, pour démontrer que dans la
langue française, non seulement les mots ont plusieurs sens, mais un
même son peut s'écrire de différentes façons donnant plusieurs sens.
Ainsi, Lacan nous démontre que lorsque l'on parle, on ne sait pas ce que
l'on dit. "Le verbe est inconscient _ soit malentendu."
Le choix des mots n'est pas anodin, et les sons résonnent avec l'inconscient de chacun.
C'est une des complexités de la langue et de ce qui entre en jeu pour accéder à la parole.
Nous allons voir qu'il y a bien d'autres choses qui entrent en jeu pour que l'enfant consente à parler.
Comment l'enfant entre-il dans la langue?
Parler : se séparer
Freud
relate l'observation de son petit-fils âgé de 18 mois en l'absence de
sa mère. (décidément, les grands-parents sont précieux pour
l'observation des bébés.) Il remarque que l'enfant ne pleure pas, mais
répète inlassablement un jeu avec une bobine attachée à un fil : "...
tout en maintenant le fil, il lançait la bobine avec beaucoup d'adresse
par-dessus le bord de son lit entouré d'un rideau où elle disparaissait.
Il prononçait alors un invariable o-o-o-o-, retirait la bobine du lit
et la saluait cette fois par un joyeux "Da!" ("voilà!"). Tel était le
jeu complet, comportant une disparition et une réapparition. [...](6)
L'élément acoustique "o" était interprété comme signifiant "fort"
("loin" en allemand).
Le
jeu d'apparition / disparition accompagné des sonorités "oooo" / "a" ,
"Fort / Da"... c'est, selon Lacan, "un petit quelque chose du sujet qui
se détache tout en étant encore bien à lui, encore retenu." Le
signifiant est une unité sonore : un mot, un son. Il représente une
chose qui peut être absente, donc symbolisée. Les va-et-vient de la mère
vont prendre sens dans l'ordre signifiant, c'est à dire dans le
symbolique. L'alternance présence /absence de la mère signifie au bébé
qu'elle désire ailleurs, qu'il ne la comble pas.
L'enfant
a affaire non pas à la mère, mais au désir de la mère, à son manque.
C'est là qu'il se saisit du signifiant, qu'il travaille à la première
symbolisation de la mère. Il surmonte un déplaisir qui est de l'ordre du
réel, il se transporte dans le monde du symbole.
Le désir du sujet n'a plus d'autre issue que de se faire parole adressée à l'Autre.
Les
signifiants vont par paires : va-et-vient, présence-absence ; clair n'a
de sens que par rapport à obscur, silence par opposition à bruit,
etc...
Certains
enfants qui sont très en panne avec le symbolique (comme les enfants
autistes ou psychotiques) tentent de mettre en jeu cette opposition
signifiante dans leurs actes : allumer / éteindre (jour / nuit, là / pas
là) ouvrir / fermer, vider / remplir. Nous voyons cela dans les jeux
des tout-petits, ces activités qui nous semblent très répétitives et
insignifiantes sont très importantes. Ces battements, premières
symbolisations de l'alternance Présence / Absence de la mère, sont les
prémices de la pensée et du langage.
Nous
voyons là que le langage n'est pas un acte isolé de l'enfant. Ce n'est
pas le résultat d'un apprentissage. La parole ne va pas sans le je :
émergence du sujet dans la relation à l'Autre, dans la demande à
l'Autre. Le langage ne va pas non plus sans le jeu, tout d'abord au sens
mécanique, le jeu étant l'espace qui permet l'articulation. La parole
est définie comme le "langage articulé."
Du cri à la parole : le bébé va en passer par la demande
Les
manifestations du bébé (cris, mimiques, attitudes corporelles) ne font
sens que parce que c'est la mère, la personne qui s'occupe du bébé, qui,
à travers ces signes, va décider que l'enfant est en état de besoin, et
va y répondre. Dans son témoignage, la grand-mère du petit Léo disait
qu'elle avait l'impression de faire une traduction avec son petit-fils.
Par
son intervention, l'Autre fait signe à l'enfant qu'il est dans un
univers de communication, que quelque chose d'une demande a été
interprété par celui qui y répond. Dans l'après-coup, parce qu'il
obtient une réponse généralement adaptée, (mais pas toujours) le bébé
expérimente que son cri était une demande adressée à l'Autre. Cela se
produit dès la naissance, avec les réponses par le nourrissage ou les
soins : tu pleures, tu dois avoir faim, etc... Le bébé est ainsi pris
dans le désir de l'Autre, dans son langage.
On peut l'entendre de deux façons : le désir que l'Autre a pour lui, et son propre désir pour l'Autre.
Il
peut alors utiliser pour son propre compte le sens qui a été donné à
ses premières expériences de satisfaction. Le bébé va petit à petit
mobiliser tout un réseau de signes à l'adresse de l'Autre, dans
l'attente d'un retour de satisfaction. Cette demande amorce la
communication symbolique avec l'Autre.
De
même que quelque chose qui n'est pas adressé ne constitue pas une
parole, un enfant qui ne parle pas n'en passe pas par la demande.
Dans
son livre "Le malentendu de l'enfant" Philippe Lacadée, psychanalyste à
Bordeaux, nous en fait la démonstration à travers l'exemple
d'Alexis.(7)
Agé
de 28 mois, il fut amené par sa mère "parce qu'il n'arrêtait pas de
crier, de pleurer, refusant de s'endormir le soir." Alors que sa mère
s'étonnait de son calme durant l'entretien, Alexis se mit à hurler, et
lorsque le psychanalyste s'adressa à lui, "il détourna résolument la
tête vers le corps de sa mère, dégrafa son corsage, et fit jaillir un
sein dont il s'empara goulûment." L'enfant se tourna ensuite vers
l'analyste avec un sourire et un air de défi. Le sein était à son
entière disposition, il en avait la jouissance, il "savait trouver
lui-même réponse à son cri."
Cet
enfant, d'origine africaine, prit ensuite une revue dans la
bibliothèque, la seule couverture noire parmi les livres blancs,
intitulée Dionysos : le même et l'autre. La mère s'exclama "le Dieu de
l'ivresse!" Le psychanalyste proposa à l'enfant d'échanger la revue
contre un livre de Carlo Ponti, la fenêtre qui raconte ce que font deux
enfants lorsque leur mère les laisse seuls. Il précisa à Alexis "qu'il
lui rendrait le livre s'il le veut bien" et il proposa à la mère de le
lui lire, "afin qu'elle lui fasse à la fois don de présence et don de
parole."
"Donner la dimension de parole au cri de son enfant est nourriture essentielle." dit-il.
Lorsqu'il
revint avec le livre, Alexis ne criait plus le soir. Il chercha la
revue dans la bibliothèque, à la place de laquelle il trouva un vide :
l'analyste avait pris soin d'oter la revue avant la séance, introduisant
un manque. Alexis pointa alors l'emplacement du doigt avec un regard
d'appel vers l'analyste puis prononça "veux livre-veux livre." Par ces
premiers mots, Alexis adressait sa première demande à l'analyste. Dès
lors, il usa de la parole, joua avec sa mère à se faire apparaître et
disparaître, et, surtout, elle n'était plus obligée de lui donner le
sein.
Nous avons là quelque chose d'essentiel : le don de parole.
Beaucoup
de parents se demandent, quand quelque chose ne va pas : que manque-il à
leur enfant? Philippe Lacadée nous indique : "... pour demander, il
faut que quelque chose manque_"
Le
don de parole, ce n'est pas seulement donner les mots, donner du sens,
mais c'est donner la parole au sujet. Lire ou raconter des histoires aux
enfants, ce n'est pas leur donner une quantité de mots, leur apprendre
du vocabulaire, c'est plutôt leur enseigner que l'être humain recourt à
la parole pour traiter tout ce qui lui arrive dans sa vie, pour faire
face au manque. Cette parole fait tiers, permet un écart avec le trop
dans la relation ou le trop de l'angoisse.
Le langage est une découverte, un jeu pour l'enfant
Lorsqu'il
découvre avec plaisir les sonorités qu'il produit, le bébé joue de ses
bruits de gorge et de bouche, il gazouille, vocalise, babille. Puis
arrivent les lallations (de lallare dire "la-la") où l'enfant répète
souvent deux à deux les sons qu'il découvre par hasard et tente de
reproduire.
Lors
de notre conférence du CEREDA le 7 mai dernier à Dax, Daniel Roy nous
rappelait ce que cette activité de la langue comporte de jouissance.
Freud démontre qu'il y a une jouissance du suçotement chez le
nourrisson, en rapport avec la pulsion orale.
La
pulsion est une force qui vise à se satisfaire. L'objet de cette
pulsion est le sein. Le bébé considère le sein qui le nourrit comme lui
appartenant, même s'il est sur un autre corps. Il y a un autre objet qui
est pris dans la logique de la pulsion : c'est ce que Lacan a nommé la
"lalangue."
C'est
la langue maternelle, les mots, les sonorités de la mère que le bébé
s'approprie. C'est le parler bébé qui fait tant l'amusement et
l'admiration des adultes. Cette lalangue comporte une dimension de
jouissance dont l'enfant devra se débarrasser en grande partie pour
devenir sujet parlant.
Cette
jouissance de la langue s'observe chez les bébés dans leur plaisir à
crier, puis à prononcer certains mots qui énervent tant les adultes :
pipi, caca etc... voire des gros mots. Ces mots ne font que parler des
objets qui se détachent du corps et dont les enfants se séparent en
acquérant la propreté. Les enfants en jouent et jouissent des réactions
ce que cela provoque chez les adultes.
Plus tard, on observe cette jouissance dans le langage particulier des adolescents, puis chez l'adulte dans les jeux de mots.
Freud
décrit un stade du développement du langage infantile : "nous nous
servons d'un langage que nous avons créé nous-mêmes, [...] nous
associons différents sons verbaux étrangers à un son unique produit par
nous-mêmes."(8)
Pour
Amélie Nothomb, dans "Métaphysique des tubes" c'est un désagrément : le
personnage, une petite fille de deux ans découvre que les sons produits
ne sont pas ceux qu'elle veut émettre, elle ne maîtrise pas le langage
comme elle croit règner sur le monde qui l'entoure(9).
Parler : une perte de jouissance
"je tourne en rond dans mes pensées, mais les mots... ça ne sort pas" me disait un patient.
Il s'agit bien de sortir quelque chose de soi.
Parler,
selon Lacan, c'est perdre un peu de son être : il prend le contrepied
de la célèbre phrase de Descartes "Je pense donc je suis" et affirme
qu'on ne peut pas tout à fait être et penser à la fois.
De la pensée aux mots, il y a une perte, même si l'on pense avec des mots.
Philippe
Lacadée rend compte de cette séparation qui se produit pour le sujet
venant à parler. Il cite Michel Leiris, écrivain qui dans son livre
"Biffures" décrit son expérience du langage :
Alors
qu'il ramassait un de ses jouets qui était tombé, constatant qu'il
n'était pas cassé, le petit garçon s'exclama "... Reusement!" On lui
répondit qu'il faut dire "heureusement" et non "reusement". Michel
Leiris est interloqué, interdit, pris de vertige et d'un sentiment
d'étrangeté. Voici un extrait :
"Appréhender
d'un coup dans son intégrité ce mot qu'auparavant j'avais toujours
écorché prend une allure de découverte, comme le déchirement brusque
d'un voile ou l'éclatement de quelque vérité. Voici que ce vocable _ qui
jusqu'à présent m'avait été tout à fait personnel et restait comme
fermé _ est, par un hasard, promu au rôle de chaînon de tout un cycle
sémantique. Il n'est plus maintenant une chose à moi : il participe de
cette réalité qu'est le langage de mes frères, de ma soeur et celui de
mes parents. De chose propre à moi il devient chose partagée ou _ si
l'on veut _ socialisée... "
"Reusement" fait partie de ce que Lacan appelle "la lalangue" : langue privée, particulière à chacun, langue jubilatoire.
En
entrant à la crèche ou à l'école dite maternelle, l'enfant est
confronté à une perte de jouissance, une "dématernalisation" de sa
lalangue. Il a affaire à la langue de la société.
Qu'est-ce qui fait qu'un enfant consent à parler?
Amélie
Nothomb raconte le refus de parler durant les deux premières années de
la vie du narrateur. Tout d'abord, le personnage s'identifie à Dieu tout
puissant, de qui elle dit qu'il n'avait pas le langage et donc pas de
pensée. Elle découvre aussi les pouvoirs du langage : le simple fait de
nommer sa sœur ou ses parents les fait exister à ses yeux et leur
procure une grande satisfaction. Mais elle découvre également à travers
les récits de sa gouvernante que parler sert à raconter des horreurs ;
ou en écoutant les conversations et disputes des adultes, que cela sert à
ne rien dire. "Parler était un acte aussi créateur que destructeur"
écrit-elle... dire des "paroles inoffensives" comme la pluie et le beau
temps était sans doute "pour avertir les gens qu'on n'allait pas les
tuer."
Parler
représente surtout une perte : "Parfois je me demandais pourquoi je ne
montrais pas à mes parents l'étendue de ma parole : pourquoi me priver
d'un tel pouvoir? Fidèle sans le savoir à l'éthymologie du mot enfant,
je sentais confusément que j'aurais perdu, en parlant, certains égards
dûs aux mages et aux débiles mentaux."
Le mot enfant vient de "infans : qui ne parle pas".(10)
À
propos de son silence, elle parle d'une absence du désir de vivre, et
c'est lors d'une noyade qu'elle a recours à la parole et avoue à ses
parents qu'elle sait parler.
Ici,
ce qui empêche le personnage d'Amélie Nothomb de parler, c'est le refus
de perdre un pouvoir, refus mortifère. Ce qui la pousse à parler c'est
la perspective de la mort qui du même coup entame sa toute-puissance.
Dans un premier temps, au sein de la famille il s'agit d'être entendu comme sujet.
Une
mère me confie son inquiétude car son enfant âgé de 2 ans et demi ne
parle presque pas. "Il dit quelques mots, mais il a son langage à lui.
On le comprend, du coup, il ne fait pas d'effort" me dit-elle. Elle
l'amène à la crèche pour qu'il soit moins "cocooné" et se socialise.
Elle dit également qu'il veut rester bébé, faisant très justement le
lien entre l'accès au langage et le renoncement à un état de bébé. Par
ailleurs, elle me dit aussi qu'il dit beaucoup "non" en ce moment, mais
que ça veut dire oui : "si je lui propose un gâteau, il dit non, si je
lui tends, il le prend quand-même."
À
un autre moment, elle me dit qu'elle ne prend pas la peine de lui
expliquer certaines choses parce qu' "il ne comprend pas tout ce qu'on
dit, il est encore petit."
Certes,
il est encore petit, mais cette mère ne peut entendre que son enfant se
constitue comme sujet différencié d'elle en lui disant non, en refusant
ce qu'elle lui donne. Lorsqu'il dit non, au lieu d'accuser réception de
sa réponse en ne lui donnant pas le gâteau, elle ne peut s'empêcher de
le lui donner quand-même. Du coup, elle induit qu'il ne sait pas parler
ou ne comprend pas. Sans le savoir, elle lui confère ce statut de débile
mental dont parle Amélie Nothomb, et cela n'échappe pas à l'enfant qui
fait le choix de ne pas la contredire, mais qui par ailleurs développe
des problèmes de santé inexpliqués.
Dans un deuxième temps, à l'extérieur : passer par la socialisation.
Paco,
3 ans et demi, est amené à la crèche en vue de son entrée prochaine à
l'école. Sa mère le dit très timide et sa référente constate qu'elle ne
peut s'adresser à lui, il se cache derrière sa mère. Il est impossible
pour l'instant d'envisager une séparation, et proposition est faite à la
mère de rester avec son enfant. Un jour, la référente de Paco s'absente
pour aller chercher quelque chose, Paco demande : "où elle est
Pauline?" Celle-ci est stupéfaite lorsqu'à son retour sa collègue lui
raconte ce fait. Elle ne savait même pas qu'il connaissait son prénom.
Paco
nous montre que c'est l'absence qui l'a fait parler. Pour lui, le fait
que l'on s'adresse à lui était un trop de présence, ou une demande trop
forte qui l'empêchait de parler.
Quand le langage se trouble
Avec
ce petit aperçu sur tout ce qui entre en jeu dans l'acte de parole, et
dans le développement du langage, nous voyons que les occasions que le
langage se trouble sont multiples. Ce que l'on appelle troubles du
langage et autres dysphasies, dyslexies, dysorthographies, et même
dyscalculies car les mathématiques sont un langage...tous ces troubles
ne sont, hormis les causes neurologiques ou auditives, que le reflet et
les effets de la constitution du sujet. C'est pourquoi une simple
rééducation du trouble ne répond pas à ce qui est en cause et d'autres
symptômes peuvent apparaître.
Natty,
5 ans, est difficilement compréhensible quand elle parle, en raison de
défauts de prononciation : un chuintement lui fait dire "che" à la place
de "se", et elle prononce "que" pour "te."
Après
un an d'orthophonie, elle se plaint de maux de tête et de ventre
inexpliqués, qui cèdent après quelques entretiens avec le pédopsychiatre
rencontré avant moi.
Lorsqu'elle
arrive au CMPP , il n'y a pas d'orthophoniste, les parents se
contentent donc de la psychothérapie, à contre-cœur pour le père qui
n'en voit pas l'intérêt : Selon lui, le problème est héréditaire.
Cependant, il dit une chose très intéressante : il considère que Natty a
gardé une habitude de bébé pour parler. Les parents de Natty se sont
séparés dans des conditions difficiles et violentes, ils sont encore en
procès au sujet du nom de l'enfant. L'institution se trouve parfois
envahie par leur conflit, il y a des quiproquos par rapport au nom et
aux rendez-vous...
Natty
ne se plaint de rien, quant-à son nom, elle dit : "je m'en charge pas,
avec papa je dis untel, avec maman je dis comme elle." Lors des séances,
elle met en jeu une forte tentative de maîtriser l'Autre, elle veut me
faire parler, deviner des mots avec autorité, et supporte mal que je n'y
arrive pas. Un jour, alors qu'elle écrit son prénom, je remarque
qu'elle prononce bien le t, elle le reconnaît en ajoutant "Natty, et
roule la galette."
Lors
de sa première rencontre avec la nouvelle orthophoniste du CMPP, elle
s'assied sur deux chaises et finit par tomber, ce qui n'est pas sans
évoquer sa position entre ses parents.
Ma
collègue lui apprend à placer la langue pour bien prononcer, et énonce
que son problème ne relève pas de la rééducation. Natty me confirme
qu'elle sait comment placer la langue pour bien prononcer, mais, elle ne
sait pas pourquoi, elle ne le fait pas. Je lui demande si elle a envie
d'y arriver, elle me répond que oui, pour qu'on arrête de la reprendre.
Son défaut ne la gêne pas. Par ailleurs elle donne toute satisfaction à
chacun de ses parents qui, eux, s'entredéchirent. Elle sort peu à peu de
son désir de maîtrise avec moi et commence à élaborer une plainte : ses
copines la délaissent, elle ne sait pas pourquoi. Depuis quelques
semaines, son élocution est plus compréhensible.
Sa
façon particulière de prononcer est la seule manifestation du sujet
chez cette petite fille très policée. Un espace où elle peut, dans le
transfert, petit à petit faire émerger sa parole de sujet lui permet de
lâcher un peu ce symptôme. Elle est moins au cœur du conflit des parents
qui se joue dans le cadre de l'institution et s'est apaisé depuis
quelques mois. Elle peut s'occuper du conflit avec ses copines.
Une
simple rééducation visant à supprimer son symptôme avait fait émerger
les maux de ventre et de tête qui ont cédé dès qu'elle a pu être
écoutée.
Un
enfant qui ne répond pas quand on lui parle doit inquiéter. J'entends
souvent des parents dire avec légèreté "il ne m'écoute pas" ou "c'est
parce qu'il ne veut pas entendre." Dans les deux cas, il y a quelque
chose à faire. Les parents comme les professionnels perçoivent les
choses, mais c'est parfois trop douloureux pour qu'ils réalisent
vraiment ce qui se passe. Un enfant qui n'écoute pas se défend contre ce
qu'il entend parce que son rapport à l'Autre et au monde est difficile.
Il peut être aidé. Un enfant qui ne parle pas est en difficulté dans sa
relation à l'Autre, dans sa construction de sujet, dans son rapport à
la langue, au symbolique.
Sara
est venue consulter à l'âge de 4 ans. Elle ne parlait pas ou dans un
jargon incompréhensible, quand elle jouait seule. Sa parole n'était pas
adressée. L'orthophoniste me l'a adressée car elle était très opposante,
elle ne pouvait pas travailler avec elle. Durant les 6 premiers mois,
Sara multiplia les exigences et quittait parfois mon bureau de manière
intempestive, disant "je veux maman."
Petit
à petit, elle s'est mise à nommer des choses, les couleurs. Plus tartd,
elle me demanda comment s'écrit mon prénom, elle demanda au lieu
d'exiger. Au fur et à mesure, qu'elle accepta de se séparer de sa mère,
sa parole était alors adressée et mieux compréhensible : elle acceptait
de se séparer de sa "lalangue." et investissait l'écriture.
Sara
est toujours en difficulté avec la langue, elle a une représentation du
monde parfois délirante, mais elle traite le réel de sa vie par
l'écriture de petits contes et de chansons, elle a pu suivre une
scolarité normale. Elle a maintenant 11 ans, est en 6ème malgré des
difficultés en orthographe.
Pour conclure,
La parole et le langage ne sont que le reflet du processus de grandir, du rapport de l'enfant à l'Autre et au monde.
Je
vous citerai simplement une petite anecdote que rapporte Philippe
Lacadée concernant Mélanie Klein, psychanalyste anglaise du début du
siècle dernier, célèbre pour son travail auprès des enfants. Melitta, la
fille de Mélanie Klein, "demandait à sa mère de parler toutes les deux
seules, celle-ci lui rétorqua que "toutes les deux seules, ça n'existe
pas."(11) La parole fait tiers.
1Petit Larrousse 2000
2Freud. S. Contribution à la conception des aphasies. PUF 1996
3 Dans un séminaire de la section clinique de Barcelone intitulé "Joyce-le-symptôme"
4 Pennac D. "Chagrin d'école" Gallimard, 2007 p. 159
5 Ibid, p. 158
6FREUD S. "Au-delà du principe de plaisir" Essais de psychanalyse. Payot, 1987 pp 41_115
7LACADEE P. "Le malentendu de l'enfant" Edition Payot Lausanne, 2003 p.77-80
8 Freud S. "Contribution à la conception des aphasies" PUF 1996 p. 123
9 Nothomb A. "Métaphysique des tubes" Le livre de poche. Albin Michel, 2000, p. 25
10BLOCH O. VON WARTBURG W. "Dictionnaire éthymologique de la langue française" PUF 2008
11Lacadée P. "Le malentendu de l'enfant" Edition Payot Lausanne, 2003. p. 193
